Un chercheur racisé face à une subjectivité raciale différenciée : approche clinique et réflexive du racisme

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Rachid Bouchareb https://orcid.org/0009-0006-4058-7645

Keywords

Resumen

Pour un chercheur racisé, à enquêter sur le racisme peut sembler périlleux du point de vue du rapport à l’objet que requiert une démarche d’objectivation scientifique. Cet article à visée réflexive s’appuie sur une ethnographie qui met en relation ma biographie à une démarche clinique afin d’accéder à l’expérience raciste de différents groupes racisés en France (étudiantes en travail social et habitants de quartiers populaires). La démarche tout à la fois réflexive et clinique exige une construction patiente et attentive aux conditions d’énonciation de l’expérience afin de repérer les tensions entre identité pour soi et identité pour autrui. Elle permet de comparer des expériences similaires mais vécues parfois différemment selon l’histoire de vie et la fréquence des offenses et agressions racistes. La problématique de l’article questionne l’ambivalence de mon identification ethnoraciale avec les groupes minoritaires, relation qui prend la forme d’un jeu de perceptions analogues ou discordantes. Les désajustements identitaires du terrain sont notamment source de réflexivité, et ce d’autant plus qu’être racisé n’offre pas nécessairement un avantage épistémique dans l’accès aux expériences minoritaires. Dans un contexte de dénégation du racisme systémique le transfert et le contre-transfert (Devereux, 1967) traduisent le partage d’une identité stigmatisée – un Soi racisé – avec des sujets, qui ne se pensent pas d’emblée racisés. Ces façons contrastées de se reconnaître dans l’expérience de racialisation sont le fruit d’un apprentissage différencié d’un Soi racisé, qui se révèle ou se renforce dans l’interaction d’enquête. Le contre-transfert a notamment permis de visibiliser une subjectivité raciale différenciée.

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